La culture pop et imaginaire selon les préférences de chacun ne date pas d’hier, Akiba Station non plus. Cette entreprise présente depuis plus de 10 ans dans la Cour des Arts à Nancy a su se faire une grande place dans le cœur des nancéiennes et nancéiens. A travers cette interview, découvrez John ainsi que son parcours professionnel, comment a débuté Akiba Station, et son avis sur l’univers geek.
Introduction
DN : Nous sommes donc aujourd’hui avec le gérant d’Akiba Station. Sa spécialité? Les figurines et autres objets à l’effigie des héros des petits comme des grands. Nous vous laissons vous présenter à nos lecteurs.
AS : Je m’appelle Jonathan mais tout le monde m’appelle John. Ma première expérience professionnelle fut de travailler à mi-temps chez Cyber Soft à Nancy quand j’étais encore étudiant. C’était un magasin de jeux vidéo où ils faisaient aussi des figurines. Ensuite une fois mes études finies, j’ai commencé à travailler chez Micromania avec divers CDD. Mais il me fallait une situation stable au bout d’un certain moment, d’où l’idée de créer ma propre entreprise.
- Première vue d’Akiba Station.
- Deuxième vue d’Akiba Station.
- Troisième vue d’Akiba Station.
DN : Pouvez-vous nous présenter Akiba Station ?
AS : Je connaissais bien le monde des figurines donc j’ai décidé de me lancer dedans, dans un premier temps en faisant de la vente à partir de chez moi sur internet ou en fournissant des magasins. Cela a duré 3 ans. Un ami m’a ensuite proposé que l’on s’associe pour monter Akiba Station avec une boutique physique. Nous avons tenu la boutique ensemble durant plusieurs années, mais on ne dégageait pas suffisamment de bénéfices pour pouvoir en vivre à deux. Mon camarade a donc fini par démissionner pour trouver autre chose.
Cela fait maintenant 10 ans et demi qu’Akiba Station est installé dans la Cour des Arts. Et si vous vous posez la question, le nom est inspiré du quartier japonais d’Akihabara, réputé pour ses magasins geeks en tout genre.
Akiba station
DN : Akiba Station est également située dans la même cour que La Parenthèse et Atout Manga, d’où est venu ce choix de positionnement ?
AS : Lorsque nous nous sommes installés, Il fallait essentiellement trouver un emplacement au centre-ville avec un loyer correct. On avait notamment regardé du côté de la rue du Pont Mouja mais c’était encore un peu trop cher. C’est peu de temps après que mon associé a appris que le local dans lequel je me trouve actuellement allait être libéré et que le loyer était raisonnable.
Il existe toujours deux choses délicates pour un magasin, le loyer et les salaires. Si on ne gère pas dès le début ces deux facteurs, la suite peut vite devenir compliquée. Et comme vous l’avez sans doute remarqué, dans cette même cour on retrouve La Parenthèse et Atout Manga, ce qui génère un pôle d’attraction. Les gens peuvent trouver tout ce qu’ils recherchent à quelques secondes de marche quel que soit l’univers concerné.
DN : En parlant de contenu, que peut-on trouver finalement dans une boutique comme la vôtre ?
AS : Tout ce qui peut faire rêver petits et grands ! (rires). Plus sérieusement, je couvre à peu près tous les univers. Sur les premières années, j’étais plutôt focalisé sur le côté mangas/jeux vidéo à 98%. Mais en écoutant mes clients, je me suis rendu compte qu’il y avait également de la demande pour des produits dérivés de comics, séries télé… Et je m’y suis donc mis progressivement.
DN : Etes-vous amené à aller dans des salons ou collaborer avec des entreprises en France ou à l’international ?
AS : En ce qui concerne les salons, j’essaye d’être présent dans un maximum d’événements locaux dans la limite de mes disponibilités. De plus, j’adore le contact avec le public donc je passe toujours de bons moments lorsque j’y suis. J’ai déjà songé à en faire plus régulièrement tout au long de l’année mais ça n’est pas dans mes projets actuellement car cela nécessiterait un local plus grand ou un entrepôt ainsi que l’emploi d’une personne supplémentaire.
Je ne collabore généralement pas trop avec d’autres entreprises en dehors d’Arcane Game qui est gérée par une très bonne amie. En revanche, je suis régulièrement partenaire de certains groupes de fans pour organiser des animations comme le tirage au sort de la tombola auquel vous avez justement pu assister ! Mon implication varie selon les occasions, mais je suis plus tourné vers le milieu associatif que le milieu des entreprises.
Autour d’Akiba Station
DN : Trouvez-vous que le regard des gens a changé ces dernières années par rapport à la culture geek ?
AS : Je ne sais pas si la perception de cet univers a changé mais ils sont de plus en plus à en être fans. Il existe toujours des gens qui ne comprennent pas le milieu des figurines mais cela touche généralement les plus âgés. De nos jours les adultes ne rejettent plus nécessairement ce qu’ils ont aimé dans leur enfance. Il n’y a pas de changement radical de leurs centres d’intérêt lorsqu’ils ont passé l’adolescence, contrairement à ce que l’on pouvait constater chez leurs parents.
DN : Effectivement, les adultes d’aujourd’hui ont grandi avec tout ce qui est Club Dorothée, Power Rangers...
AS : Alors non, on arrête les gros mots tout de suite ! Power Rangers c’est tout pourri (rires) ! En fait c’est une honteuse copie de Sentai américanisée.
DN : Est-ce que vous pensez que la concurrence est globalement saine par rapport aux fabricants / distributeurs et leurs produits ?
AS : C’est un secteur notamment difficile pour différentes raisons. Concernant les fabricants, certains vont jouer le jeu de la distribution en boutique spécialisée. Tandis que d’autres vont directement vendre aux particuliers sur internet moins cher que le tarif auquel je les paie. Du coup je n’ai plus aucun intérêt à les distribuer. Il y a également des fournisseurs avec qui je travaillais beaucoup par le passé, mais avec lesquels je ne travaille presque plus car ils se sont mis à privilégier la grande distribution. Donc je n’ai pas grand intérêt à avoir les mêmes articles qu’en supermarché !
Il y a ensuite la concurrence que représentent les autres revendeurs. En ce qui concerne les contrefaçons que l’on retrouve régulièrement dans les salons et qui est omniprésente sur internet, y compris sur les places de marché. Il y a également des particuliers / collectionneurs qui vont commander directement en Chine ou au Japon en s’arrangeant pour ne pas payer de taxes ou très peu pour que ça leur revienne moins cher qu’en boutique. De plus, certains achètent des quantités plus ou moins importantes de figurines pour pouvoir les revendre de manière non déclarée.
Il y a aussi celles et ceux qui vont monter leur propre entreprise, le plus souvent en faisant de la vente par internet, car ce sont des passionnés de ce domaine. Mais ils n’ont pas toujours conscience des charges qui pèsent sur les entreprises et de la rentabilité à atteindre pour qu’elles puissent perdurer. Du coup, beaucoup vont casser les prix pour se faire connaître, mais ils ne font généralement pas long feu.
DN : Ainsi s’achève cette interview extrêmement enrichissante. En guise de conclusion, avez-vous un dernier mot pour nos lectrices et lecteurs ?
AS : J’ai vu vos yeux briller en contemplant certains articles. D’ailleurs, vous allez bien repartir avec un petit quelque chose ? (rires)
Akiba Station
10 Cour des Arts
54000 Nancy
09.51.64.80.80
https://www.akiba-station.net
https://www.facebook.com/AKIBA-STATION-324617612399/
akiba.station@free.fr